Expo photographies et textes

DON QUISHEPP & CHAMAN

DON QUISHEPP est une fiction narrative de la quête quichottesque du jazz. Cependant, elle est sourcée, documentée voire documentaire et s’inspire de la vie réelle des principaux protagonistes de l’histoire du jazz, notamment Archie Shepp et John Coltrane pris au piège de la société américaine des années 60-70 qui a instauré un système légal de ségrégation, qui durera près d’un siècle, depuis l’abolition de l’esclavage à l’issue de la guerre de Sécession en 1865. Le livre pose en outre une question d’actualité : qu’en est il, aujourd’hui, de la Liberté ?

Comme son titre l’indique, l’ouvrage tente de donner au quichottisme un visage. Comme de bien entendu, pour ce faire, le récit épouse la vie et la musicalité des personnages qui se télescopent tour à tour pour créer un dialogue plus vrai que nature entre les époques et poètes. Car il est évident qu’un même « souffle » (le pneuma en grec) anime les poètes depuis la nuit des temps et des tempos… Depuis l’origine de l’écriture. (Cette thématique étant plus particulièrement développée dans l’ouvrage CHAMAN). De nombreux travaux scientifiques viennent, en outre, étayer ces 2 ouvrages.

Un dialogue qui s’incarne donc dans une prosodie : une écriture jazz. Une « jazz writting » qui considère les lettres comme des notes de musique. Aussi l’auditeur attentif au phrasé musical entendra-t-il des solos d’allitérations, d’assonances, d’hexamètres, d’heptasyllabes, d’alexandrins…

Archie Shepp est « la mémoire babélienne du jazz » dit de lui un spécialiste du jazz. De son côté, l’oeuvre de Coltrane incarne l’essence du jazz.

L’architecture du récit, en miroir, est construite pour faire entendre et voir plusieurs niveaux de lecture ou pour reprendre une formule de Roland Barthes : « un langage dans le langage ». « Y A-T-IL UNE ECRITURE POETIQUE », IN LE DEGRE ZERO DE L’ECRITURE, 1953.

Poésie = Prose + a + b + c

1) littéral ;

2) Métaphorique et interprétatif : en correspondance ;

3) Prosodique : mise en correspondance des phonèmes.

Exemple avec la distribution statistique des phonèmes dans la tirade de John Coltrane dans DON QUISHEPP. 60 quatrains pour symboliser le fameux concert de l’Olympia le 21 mars 1960, avec Miles Davis, à l’issue duquel John Coltrane fut sifflé par le public qui ne comprit manifestement pas le génie précurseur du saxophoniste. Un an plus tard, John Coltrane avait quitté le groupe de Miles Davis et triomphait à Paris. Où ça ? À l’Olympia bien sûr. Mais c’est déjà une autre histoire…

______________________________________________________________________________________________________

https://auvio.rtbf.be/media/un-jour-dans-l-histoire-un-jour-dans-l-histoire-3036445

______________________________________________________________________________________________________

TIRADE DE JOHN COLTRANE dans DON QUISHEPP

60 quatrains x 4 heptasyllabes = 240 vers

240 vers x 7 syllabes = 1680 syllabes

Rappelons qu’une syllabe (du latin : syllaba, du grec ancien : συλλαβή / sullabế, « ensemble, rassemblement ») est une unité ininterrompue du langage. Elle est majoritairement composée de digrammes et de trigrammes. La première lettre est l’attaque, la suivante le noyau et, la finale, la coda.

Fricatives latérales : 116 occurrences de [f] + 89 occurrences de [v] = 205 occurrences de [f] et de [v] ;

Vibrantes : 122 occurrences de consonnes sifflantes [S] et [Z] de liaisons ou à l’intérieur d’une syllabes + les consonnes chuintantes : 35 occurrences de [ʒ] + 23 occurrences de [ʃ] = 174 occurrences ;

Liquides : 238 occurrences de [L] + 244 occurrences de [R] = 482 occurrences

Total : 861 allitérations exclusivement composées de constructives tout au long des 60 quatrains.

Soit 861 / 240 = 3,58 allitérations par heptasyllabes (7 syllabes).

franck ofloJazz Writing